Depuis la disparition de Jean Philippe SMET, Jean-Michel SAIVE est désormais le plus grand Belge de tous les temps.
Il a commencé à jouer avant ta naissance. Il continuera après ta mort. Car il est immortel.
Il est le Connor Mc Leod du Ping-Pong. Le Highlander de Wallonie.
Jean-Michel SAIVE voit le jour le 17 novembre 1969. Il naît sans sa raquette, car pas la place dans l’utérus maternel, déjà bien rempli par le sac Stiga. Mais son cœur est déjà gros comme ça. Et sa condition physique hors norme. A peine né, il entame une compét de tir à la corde avec le gynécologue. A mains nues, avec le cordon ombilical.
Jean-Michel développe également très tôt des qualités mentales exceptionnelles. Apprenant à conserver son sang-froid et son self-control en toutes circonstances. Car il grandit dans les années 1970-1980, à une époque où Michel COLUCCI, en tee-shirt jaune et salopette bleue, raille et massacre ses compatriotes d’outre-Quiévrain dans des sketchs lourdingues. Mais qui ne font rigoler que les français.
Nageant tel un poisson dans l’eau, monsieur SAIVE souhaite s’orienter initialement vers le Water-polo. Mais dommage, "les wallons ont noyé tous leurs chevaux" (rires gras parisiens). Le ski nautique le tente également. Mais, difficile, "car pas de lacs en pente en Belgique" (re-rires gras français). Voilà…C’était le niveau… Le président MACRON devrait prochainement présenter ses excuses à toute la Belgique. Au nom du respect.
Mais revenons à Jean-Michel… Le 21 juillet, lors de la Belgische nationale feestdag, le vendeur se trompe et lui glisse dans la main droite, non pas un cornet de frites (nouveaux rires gras), mais une raquette de ping. Et ce sera la révélation. Jean-Michel, dès le lendemain commence à s’entraîner comme un chien. Ou plutôt comme le chien de son chien. Et il prend le nom de Jean-Mi (il va trop vite, on n’a plus le temps de prononcer la dernière syllabe). Il débute tous les jours à 6 heures du matin, en courant un marathon de 42,5 km. Puis il se vide les tripes 3 heures durant devant les paniers de balles de maître Dayong WANG. Enchaînant ensuite avec 90 km de vélo eddymerckxiens, entre midi et deux. Puis viennent les séances de matchs entre 14h et 17 heures, sans pitié. Contre entre autres, son frère Philippe, les CABRERA et autre Martin BRATANOV. Car à la fin il ne peut en rester qu’un. Et c’est toujours Jean Mi… Il termine enfin sa journée, pour se délasser, en faisant quelques longueurs de piscine ; 8 kilomètres, pour être précis. Oui, on peut dire que monsieur SAIVE est l’inventeur du triathlon.
Mais cet entrainement de forçat belge paye. Lors de ses premiers championnats d’Europe cadets, en 1984, il plie ses adversaires un par un. Et urine sur toute la concurrence du vieux continent. Un artiste immortalisera cette scène. Et la sculpture de Jean-Mi trône désormais en plein centre de Bruxelles. Pour l’éternité : le Maneken Ping.
Vient ensuite la montée de SAIVE. Il grandit en même temps que son ping-pong. Et les coupes et médailles commencent à pousser autour de son cou, et à l’extrémité de ses mains. Comme les fleurs de la réussite et du renouveau sur les branches des cerisiers au printemps.
Outre un énorme top spin coup droit, sa principale qualité réside surtout en une volonté hors du commun. Le fight lui coule dans les veines. Comme la lave en fusion sur un volcan. Il joue sa vie sur chaque échange. Et il s’arrache le cul, et le reste aussi, sur toutes les balles. A 19 partout à la belle, il court après la victoire comme un pitbull après son os. Il a des nerfs d’acier, et des testicules d’un métal encore plus résistant. La NASA wallonne les a d’ailleurs biopsiés. Pour, à partir d’elles, élaborer l’alliage à partir duquel ils construiront leur première navette spatiale. Quand ils décideront de s’y mettre... Pour information, un reproduction de cette molécule de métal Saivien est visible sous la forme d’une sculpture géante, à Laeken, sur le plateau du Heysel.
Avec son bandeau dans les cheveux et son short remonté, il cultive un look, mix de Rambo en barboteuse et de Robert de NIRO guerroyant au Vietnam. Mais qui sur chaque match voyage au bout de l’enfer. Et avec ses 90% de transpiration et ses 90% d’inspiration (oui, c’est monsieur 180%), viennent le premier titre de champion de Belgique en 1985 (il en accumulera 26 !), de champion d’Europe sénior en 1994, et de vainqueur du top 12 en 1994. Il remporte l’Open de Chine en 1993, dans le pays du ping, atteignant la finale des championnats du monde individuels la même année. Il restera deux ans à la première place mondiale entre 1994 et 1996. Et il participera à 7 Jeux Olympiques et à 20 championnats du Monde…
Oui, après cela tu peux songer à raccrocher. Et aller glander en buvant des pina colada, vautré sur des plages des Tropiques.
Mais pas Jean-Michel. Car il est toujours en sur-activité, partout et sur tous les terrains. Encore maintenant. Continuant à jouer en superdivision et en coupe d’Europe au Logis Auderghem. Cumulant des responsabilités à la fédération Belge, au Comité Olympique, à l’ITTF, et sur les plateaux de télévision. Même dans la chanson ! (mais on a préféré oublier par respect pour le 4ème art). Car il a réussi à donner au tennis de table une exposition médiatique dans son pays, à nulle autre pareil. Sur son seul nom il remplit les salles de Ping. Alors oui, malgré un fair play légendaire, son côté boulimique, son fort caractère, ses cris et ses penchants Comedia del arte, peuvent en irriter certains. Mais seuls ceux qui ont fait quelque chose de leur vie ont des ennemis.
Et rappelons qu’il a déjà joué contre DIEU. A plusieurs reprises. Et l’a souvent battu.
Notamment en finale des championnats d’Europe 1994 : victoire 3/1 contre Jan-Owe WALDNER...
Grâce à lui le Paradis est désormais équipé en Cornilleau 740.
On aura de quoi s’occuper pour l’éternité.
A tantôt Jean-Mi.