Le plus gros, et sans contestation, aucune, le plus BEAU coup droit du circuit mondial.
Monsieur XU fait partie des rares élus entrés directement au panthéon de la Hérain. Xin est ainsi l’un des très rares privilégiés autorisés à pouvoir s’asseoir directement à la table de Michael MAZE, de Koki NIWA et de Benoît VAQUIER. Repas de gauchers. Forcément ça envoie du zit et de la sifflante au dessert.
XU Xin naît le 8 janvier 1990 dans la province de Jiangsu. Enfant gracile, aux traits fins, et aux longs membres élancés, c’est sûr depuis le début, pour sa mère, il sera un artiste. Mais bon, la sculpture et la poterie le saoulent. Après avoir fait l’effort, et moulé les 8000 statues en terre cuite de la province du Shaanxi, il rend son tablier.
Sa mère le colle alors à la calligraphie sur soie et à l’aquarelle. Trop statique, trop facile : punaise, ça le gave aussi. Heureusement, le petit Bouddha, LIU Guoliang, de passage à Cajarc, et en mission de détection, remarque sa vista et sa dextérité aux pinceaux. Ainsi qu’avec les baguettes lorsqu’à la pause du midi, le petit XU se plaît à jongler avec les grains de riz.
LIU Guoliang lui glisse alors une raquette entre le pouce et l’index de la main gauche. La révélation !!!
Jamais prise porte-plume n’aura si bien portée son nom. Le jeune Xin, comme avec son crayon sur le parchemin, se met d’emblée à dessiner des arabesques avec la pointe de sa palette. Avec moult grâce et légèreté. Et il traverse les aires de jeu avec la souplesse et la vitesse d’un félin. Le fils naturel d’une panthère asiatique et d’un guépard aux yeux plissés. Oui, il est là le MOWGLI chinois.
Un diamant brut. Que Liu va polir, lentement et consciencieusement, dans les académies de Pékin et de Shangaï.
Mais sans jamais pouvoir dresser, ni dompter, l’indomptable.
A 14 ans Xin décroche son premier titre majeur, de champion du monde cadet. S’en suivront une collection et des guirlandes de médailles incroyables en Open et compétitions internationales, avec en vrac, 8 médailles d’or aux championnats du Monde (dont 3 par équipes et 5 en doubles), un titre de champion olympique par équipes en 2016, une Coupe du Monde, deux coupes d’Asie... La concurrence est pourtant super-relou pour parvenir à se faire sa place en équipe de Chine : entre les ZHANG Jike, MA Long, WANG Hao et autre FAN Zhendong…
Parfois l'impression pour l'adversaire en face qu'il a 5 mains et 5 raquettes...Ben en fait, ça n'est pas une impression.
Lors de ses récitals, XX s’appuie sur un excellent service, mais avant tout et surtout, sur un coup droit dévastateur, fulgurant, puissant, rotationnant…Et ça part bras tendu, avec une balle qui tourne à 12 000 tours minutes, une vitesse stratosphérique, avec des arrondis, et des trajectoires incroyables. L’artillerie et la balistique Chinoises s’en inspirent. Il balaie toute la table et l’aire de jeu du coup droit. Récupérant la balle dans toutes les positions, y compris dans ses chaussettes. A tel point qu’on en oublie qu’il peut également jouer du revers… Ses qualités de défense balles hautes sont énormissimes. Son toucher de balle hallucinant. Il est accessoirement le roi du petit gris-gris sous la table. Et le prince du chambrage, avec parfois une dégaine de petit branleur. Il est surtout capable de repartir en top/top, à 12 mètres de distance, dans les bâches, ou après s’être assis sur un tabouret de la buvette….
Tiens, régalade : https://www.youtube.com/watch?v=a0nc8QEwQac
Longtemps relégué à une place d’Empereur du double, Il occupe depuis quelques mois, en simple, la première place mondiale, son vrai niveau. Bénéficiant un tout petit peu des blessures récurrentes de MA Long, du retrait de ZHANG Jike, et d’un très léger coup de moins bien de FZD. Qu’il se grouille quand même avant l’éclosion et l’arrivée définitive sur le marché Chinois de tous les petits nouveaux et des pépites, les WANG Chuqin, LIANG Jingkun et autre LIN Gaoyuan...
Alors certes, parfois il se troue, ou réalise des contre-performances d’anthologie (on a tous en mémoire, nous, petits français, la défaite contre Simon GAUZY en 1/8ème de finales des championnats du monde). Mais, à la différence de ses autres compatriotes, il montre qu'il est encore humain. Et que sous sa carapace de champion du soleil levant, bat et frémit encore un petit cœur.
Rarissime pour un joueur Chinois : sous ce petit poing droit un cœur bat encore à 75 pulsations par minute.
Qu’il profite et se dépêche tout de même : peut-être que 2020 sera enfin son année. Avec à la clé un titre olympique en simples. On lui souhaite. Vraiment. Car il le mérite.
Et quand le Xin s’éveillera, le monde tremblera. Alain PEYREFITTE, visionnaire pongiste, l’avait déjà écrit dans un petit essai, passé à la postérité, il y a 46 ans.
Rendez-vous donc à Tokyo l’an prochain XX !