Bom dia ! Tudo bem ?
Nous ça ne va plus du tout.
L’erreur fatale : le plateau de fruits de mer, pris au soleil couchant, dans une petite paillotte sur la plage d’Ipanema. Le jour de faire les valises.
Résultat, un super-combo de dysenterie, de turista et de choléra. On rentre donc. Mais par Europ-assistance. Perfusés. Avec à côté de nous quelques membres de l’équipe de France, intubés et ventilés.
Oui, les JO de Rillaud, c’était vraiment dur...
LE BILAN DE L’EQUIPE DE FRANCE DE PING PAR LES SPECIALISTES DE CHEZ LUCETTE
Emmanuel LEBESSON éliminé lors de son premier tour, en 1/32ème contre Adrian CRISAN.
Simon GAUZY éliminé lors de son premier tour, en 1/16ème contre KOU Lei.
Li XUE, éliminée en 1/8ème de finale par Ying HAHN, après avoir passé deux tours.
L’équipe de France éliminée au premier tour en 1/8ème par l’Angleterre (Liam PITCHFORD, Paul DRINKHALL, Sam WALKER).
Bon ok, ça aura fait beaucoup d’éliminations au premier tour.
Hormis Li XUE qui aura fait sa compèt, le reste du bilan est morose. Au Brésil, l’équipe de France n’aura pas trouvé de métal précieux. Ni or, ni argent, ni bronze. Juste du doute et de la loose.
Mais plutôt que de hurler avec les loups « C’était nul, l’équipe de France de ping a complètement raté ses jeux ! », on préfèrera dire qu’elle ne les a pas totalement réussis.
Car il faut toujours rester positif. Au moins essayer, car là, c’est vrai, à chaud, ben… c’est chaud.
Les raisons de ce passage à vide? On n’en sait rien, on n’était pas dans le groupe. On aurait bien voulu. Mais on ne sait pas enchaîner 3 tops.
En valeur pure, les français avaient leur place, et la place de passer, dans les compétitions individuelles, et par équipes. Vu de l’extérieur on a eu l’impression qu’ils étaient très tendus, et empruntés. Qu’ils avaient été submergés par l’émotion et l’évènement. Et notamment dans la compétition par équipes, en ayant eu toutes les cartes en main avec quatre balles de rencontre. Ils n’auront pas eu le coup de rein, le supplément d’âme, pour aller chercher la victoire.
Peut-être que les JO, et rien que le fait d’y participer, passait pour un aboutissement. La cerise sur le gâteau de la saison et peut-être d’une vie sportive. Partir aux JO avec une équipe de potes, des étoiles dans les yeux. Ces jeunes français nous ont fait penser, nous qui sommes très vieux, à cette génération de 1914, partie à l’aventure, euphorique, le sourire aux lèvres et des fleurs au bout du fusil. Les mêmes fleurs qui ont ensuite couvert leurs tombes.
Non les JO ne sont pas une colonie de vacances. On l’avait déjà dit d’entrée, les JO c’est la guerre... Et le Brésil aura été le Vietnam du ping français.
Avec pour les tricolores énormément de mal à rentrer dans les matchs. Et l’impossibilité de se transcender en s’appuyant sur ce fameux esprit d’équipe, mis en avant par l’encadrement, comme une méthode Coué. Les Olympic Games obéissent en effet au même règlement que le Fight-club.
La première règle c’est que c’est chacun pour sa gueule. C’est du sport individuel, pur et dur, gladiatoresque. Seul dans l’arène, en slip, et à la hache. La seconde règle c’est d’être au taquet dès le premier point. De jouer sa vie sur le second. De te dépoiler sur le troisième. Et de s’arracher le cul et les autres organes sur ce qui reste des sets.
Oui, c’est vrai, les adversaires étaient des coriaces. Et n’étaient pas des perdreaux de l’année. Normal, car le tournoi olympique n’est pas le tournoi du poulet. Sont forcément présents une sélection et un condensé des meilleurs joueurs mondiaux.
Note que les français ne sont pas les seuls à être passés à travers. Moult têtes de série se sont fait décapiter au premier tour dans le tableau individuel, juste après avoir mis le pied dans l’aire de jeu. Hydrocutés... Comme ceux restés trop longtemps allongés sur la serviette, en plein cagnard, sur la plage de Copacabana, et qui se jettent dans l’eau glacée, sans s’être mouillé la nuque.
Alors oui, la faute à la formule olympique, à élimination directe. La faute à la nature même de cette compétition quadriennale mondialisée, et ultramédiatisée. Avec tout le prestige et la pression qu’elle engendre. Mais justement, grâce à cette formule, on aura assisté à des matchs d’une rare intensité. Avec des échanges de dingues, et du vidage de tripes à gogo. Le public brésilien, chaud-bouillant, et en ébullition toute la semaine, aura également participé à l’atmosphère de transe qui aura régné durant toute la compétition. Avec parfois un très très gros bordel, mais toujours sympathique. Quand tu penses que dans notre salle, à Boulzicourt, dès qu’un spectateur tousse ou qu’un gosse braille dans les tribunes, on arrête le jeu, et on fait un sketch, l’air mauvais… Alors oui, cette foire brésilienne nécessitait une concentration hors du commun. Certains joueurs auront été galvanisés par cette atmosphère électrique. Regarde les parcours de DRINKHALL, CRISAN, KIM SONG I, CALDERANO et WALKER dans le par équipes. Pas des foudres à la base, plutôt des outsiders, vue leur saison, et le reste du plateau des sélectionnés. Mais ces joueurs auront réussi à surjouer et à hisser leur niveau de jeu de manière incroyable. Le plus impressionnant, peut-être, Hugo CALDERANO. En raison de son jeune âge, de la pression des médias brésiliens, et de l’attente de tout un peuple. Et bien, il aura digéré ça comme un beignet aux pommes. Et en guise de réponse il aura juste joué n°15 mondial toute la compét. Enormissime ! Et comment ? Ben on n’en sait trop rien non plus. Mais chapeau à son coach et à son mode de préparation. Chapeau également au fighting spirit anglais dans le par équipes. Un match d’anthologie contre la France. Mais une anthologie anglaise. So british….
Alors probablement une dose de culturel là dedans. Car les pongistes français ne seront pas les seuls sportifs tricolores à être passés complètement au travers à Rio. La liste est bien longue. Le domaine mental, et l’angle d’abord psychologique de cette compétition seront les domaines dans lesquels il faudra le plus travailler pour les futurs JO de dans quatre ans, à Tokyo. Car nos joueurs en ont plein les pattes. Techniquement et physiquement. Plus qu’à progresser dans l’approche psychiatrique du grand évènement. On vient trop systématiquement mourir en fin de set. On décède à chaque fois au poteau, à 9/9, aux avantages, à 10/10, en ayant eu même parfois des balles de match. C’est rageant, souvent désolant. Mais on peut améliorer ça. On peut progresser. Comme les autres.
Quitte à réformer, profitons-en également pour souhaiter que la commission sportive édicte des critères de sélection plus clairs et objectifs. Pour éviter une nouvelle ouachérisation et le déchaînement occasionné il y a quelques mois par la sélection, incompréhensible par la base. Jamais bon de se couper de la base. Quitte à réformer, pourquoi ne pas en profiter pour supprimer les repêchages à la papa, souvent ressentis comme injustes et clientélistes. Nous par exemple, (si on peut aussi la ramener), on n’a pas compris, si on pouvait utiliser de la wild-card, qu’on n’ait pas sélectionné un Alexandre CASSIN. Quadruple médaillé et double champion d’Europe junior. Un palmarès inégalé, même par les BOLL, DIMA et autre VLADI au même âge. A priori il fait partie de l’avenir de l’équipe de France de dans 4 ans. Et au-delà. Non ? Et quitte à prendre un remplaçant pour relancer, faire banquette, porter les sacs, et applaudir, ça aurait été bien de le tremper dès cette année dans le grand bain olympique. Pour l’acclimater. Et le laisser mûrir jusqu’à Tokyo. A l’instar des suédois avec Anton KALLBERG, et des anglais avec Tom JARVIS. Oui, on peut aussi regarder ce que font les autres nations, considérées comme inférieures. Mais qui sont, elles, en ¼ de finale du tournoi olympique.
Et puis un truc qui pourrait être sympatoche, dans 4 ans, serait de publier un petit carnet de route, au jour le jour, du séjour de l’équipe de France aux JO. A l’instar de ce qu’a fait Jimmy DEVAUX, coach français du joueur mexicain Marcos MADRID à Rio. Initiative, originale, et sympa. Alors bien sûr on ne demande pas aux joueurs de se transformer en Alfred de Musset du XXIème siècle, ni surtout de facebooker, de bloguer, ou de tweeter comme des dingues durant la compétition. Qu’on leur confisque même leurs portables, et qu’ils restent dans leur tournoi ! Mais qu’une personne de l’encadrement se charge de ce petit journal de bord. Oui, avec la télé on a vu qu'il y avait bien du monde en tribune. Ça rajouterait du lien avec la communauté pongiste, voire extra-pongiste. On en a besoin. On a besoin de chaleur, de proximité, de communier ensemble lors de ces grands évènements. Ouvrons la porte de la tour d’ivoire. Tout en contrôlant bien sûr. On ne communique jamais trop quand il s’agit de ping-pong. D’autant qu’on n’en voit que tous les quatre ans, quelques minutes à la télévision. C’est la loi : discipline mineure, on ne parle de toi que si tu as des résultats olympiques. Regarde l’équitation, le kayak, tir à l’arc et autre tir à la carabine à plomb à 25 mètres…
Il reste donc quatre ans pour se préparer.
Quatre ans, c’est à la fois très long, et très court.
L’amour lui, en tout cas dans les beaux quartiers parisiens, ne dure que trois ans.
Mais on vous rappelle qu’on vous aime.
Rendez-vous en 2020 ! Plus vite, plus haut, et plus fort, Citius, altius, fortius.
Pour les jeux olympiques, le baron Pierre de COUBERTIN a dit que l’important c’était de participer. Sauf au tennis de table.
Au ping, l’important c’est de niquer sa race à l’adversaire.
See you in TOKYO !