Les Jeuzolympiques du ping individuels et des doubles mixtes se sont terminés ce jour. Mais la fête n’est pas finie : car ça enchaîne dès dimanche par l’épreuve par équipes.
L’obligation cependant, à mi-parcours, de déjà tirer un bilan partiel, partial, non exhaustif, bourré d’inexactitudes, de parti pris et de mauvaise foi. Un bilan donc forcément indispensable, des tableaux individuels et doubles mixtes. Une mise au point destinée à tous ceux qui ont préféré passer la semaine, vautrés comme des lamantins sur des plages de sable blanc prés d’un lagon, entourés de mannequins, et à siroter des pina colada, plutôt qu’à regarder du ping-pong. Désolé pour vous, mais votre vie doit décidément être bien triste !
Comme toujours les photos ont été piquées sur internet ; elles sont pour une grande partie, à mettre au crédit de Mr Rémy GROS (par le talent).
Le calendrier
Bon d’entrée, le terme de JO Tokyo 2020, c’était pas terrible. Car tu auras noté comme nous que ça se joue sur l’été 2021. Coup de bol quand même, car malgré la recrudescence de la pandémie virale, l’hostilité de la population nippone peu vaccinée, et des débuts de clusters au sein même du village olympique, la compétition, déjà décalée d’un an, aura quand même pu se dérouler. La pression de l’opinion publique mondiale, avide de pains et de jeux, mais surtout le coup de gueule et de pression des sponsors, sont passés par là. Le Dieu Argent, une fois de plus, s’est imposé. Le même qui censure sur les réseaux toute utilisation des termes JO/ jeux olympiques et les vidéos ou highlights de ping qu’on pourrait y partager. Car marque déposée... Dommage pour la promotion de la discipline. Et triste pour les joueurs et les spectateurs qui n’ont que de trop rares best-of ou replay à se mettre sous la dent. Mais bon...Caprices d’enfants gâtés. Car si les Dollars américains et les Yuan chinois salissent parfois les choses, ils ont aussi le mérite de nous permettre d’assister à un incroyable spectacle durant 15 jours. Et en accès libre sur internet et sur France télévision. Moyennant une inscription, et le don de ton mail (et quand même d’une partie de tes données personnelles aux GAFA). Tout a un prix : bien obligé de vendre son âme à quelqu’un.
Bon, nous on n’était pas concerné : car oui, ON EST SUR PLACE !!!
Le Japon
Pays magnifique. Mais c’est loin : 7 fuseaux horaires, 13 heures de vol. Ça pique presqu’autant que les 12 tests PCR narinaires subis avant le voyage et durant le séjour.
Tokyo
C’est une très grosse capitale. Avec beaucoup d’habitants.
La combine pour assister aux Ji-Ho du ping à Tokyo
Ces jeux olympiques se déroulent à huis clos, mais certainement pas pour les sociétaires de la Hérain. Seuls les joueurs, coachs, équipes médicales, arbitres, bénévoles et officiels triés sur le volet peuvent assister à la compétition. Impossible de donner le change. Hormis peut-être la possibilité, avec nos physiques bedonnants, de passer pour des élus de la fédé. Mais il aurait alors fallu se faire faire de faux papiers. Dommage, notre neveu de 12 ans, qui maîtrise tant Photoshop était déjà parti au Cap d’Agde. Non, plus simple. A la descente de l’avion il a suffi de soudoyer les gonzes habillés en mascottes durant les jeux. Puis d’enfiler leurs combinaisons et de la porter durant 15 jours.
Les inconvénients : se faire appeler MIRAITOWA ; se faire courser par tous les gamins croisés sur le chemin ; et devoir suer comme des boucs toute la journée sous des tenues de 25 kilos.
Les avantages : ne pas avoir à prendre de douche, ni se laver les dents durant deux semaines ; pouvoir entrer sur le site de la compétition de tennis de table ; et faire des selfies avec tous les joueurs.
La salle
Magnifique, grandiose. Le gymnase métropolitain de Tokyo tout de rouge vêtu. La couleur du Japon ; mais aussi probablement une astuce pour mieux dissimuler le sang qui y sera versé durant 15 jours.
Malheureusement, une cathédrale vide. Désespérément déserte et creuse. Huis clos oblige, l’impression de jouer des matchs de D3, un dimanche matin, à 9 heures, dans la salle des fêtes Pierre MORTEZ. Même les finales olympiques en simple, comme jouées dans un cimetière. On aurait dit des matchs d’entrainement. D’ailleurs, c’était un peu des matchs d’entrainement, entre athlètes chinois.
Au final les joueurs en ont pris l’habitude depuis ces deux années de confinement. Et malgré ces conditions très particulières, ils ont souvent disputé des matchs épiques et dantesques. Certains s’y font donc très bien. Et préfèrent d’ailleurs jouer dans ce silence de bibliothèque nationale, rappelant le calme et la monotonie des séances d’entrainement. Juste perturbés par les applaudissements du coach et les Tcho ! de l’adversaire. Mais pour d’autres athlètes, et pour les spectateurs derrière leur écran, l’absence de vibrations, d’encouragements, de cris, de grognements, le manque de souffle et de vrombissements du public sont quand même terribles. Et déprimant.
Les traditions japonaises
Les geishas:
Pas d’avis. La tenue de mascotte étant rédhibitoire pour attraper tout 06 de personnes majeures.
La gastronomie japonaise:
On n’a pas pu tester les soupes miso, ni les sushis maison, ni le Gyoza ni le poulet yakitori. Car on ne peut pas sortir du gymnase. On ne mange depuis une semaine que des bananes et des barres de céréales abandonnées ou jetées par les joueurs.
Le saké :
Par contre, super : il y en a partout dans la salle. Mais c’est hyper fort : ça brûle la bouche et l’œsophage. On se met minable tous les soirs. Mais aujourd’hui un gars de la sécurité nous a dit d’arrêter d’ingérer ça, car ça pouvait être dangereux. Visiblement la solution hydro-alcoolique n’est pas conçue pour être bue à l’origine.
LE TABLEAU DOUBLES MIXTES
Le podium
Sur les premiers tours, il faut le dire, on s’est fait suer. Avec des niveaux de jeu souvent chaotiques, et des paires pas toujours très complémentaires. Mais la finale opposant les Japonais Mima ITO/Jun MIZUTANI aux Chinois LIU Shiwen/XU Xin aura été incroyable. Avec une intensité folle et un niveau stratosphérique. La petite étincelle en plus côté nippon, menés 2 sets 0 avant de l’emporter 4/3. Ils avaient été proches de passer à la trappe en quart de finale, au cours d’un match épique contre les allemands PETRISSA/FRANZISKA, après avoir sauvé 7 balles de rencontre (avec dans ce money time un Mizout extraordinaire : il s’était investi à 1000% dans le double, au détriment de sa fin de carrière individuelle ; et au bout du compte ça aura payé). Et donc c’est souvent comme ça : quand ta tête a été posée une fois sur le billot, et que tu as senti le souffle froid de la guillotine et de la petite mort sur ton cou. Quand tu en réchappes, en annihilant toutes ces balles de matchs, l’euphorie s’invite dans les rencontres suivantes. Et il est alors possible de renverser des montagnes. Et même des Chinois. La preuve.
La joie du duo japonais, à l’issue de la victoire finale, ce lundi 26 juillet au soir, faisait plaisir à voir.
Rien qu’avec cette médaille d’or, en plus remportée après avoir défoncé la muraille chinoise, les JO étaient déjà réussis côté nippon.
LES TABLEAUX SIMPLES DAMES ET MESSIEURS
Le podium Dames
Le podium Messieurs
Les remontada de l’espace
- Chez les filles quelques remontées de handicap, menées 3 sets à 0 pour l’emporter 4/3 : un truc qu’on ne voit jamais d’habitude. Et donc bravo à la portugaise POR SHAO Jieni contre la suédoise Christina KAELLBERG, et à la néerlandaise Britt EERLAND contre l’égyptienne Dina MESHREF.
- Et puis d’autres remontées inimaginables comme dans tes rêves : du double japonais MIZUTANI/ITO contre les allemands FRANZISKA/PETRA menés 10/6 à la belle pour l’emporter 16/14. Et encore plus fort, celle du coréen Youngsik JEOUNG contre le grec Panagiotis GIONIS. Effaçant un 10/3 à la belle pour l’emporter 14/12. Sans parler de l'allemand Dimitrij OVCHTAROV (déjà revenu de l'enfer en quart contre le brésilien CALDERANO) sauvant 4 balles de match contre le Taipei LIN Yun Ju au 6ème set pour remporter la médaille de bronze 4/3.
La magie des jeux pour les uns. Et la malédiction des JO pour les autres.
Mais on pense tous les soirs à toi Panagiotis. Tu méritais tellement.
Les coups de tonnerre
La défaite en 1/16ème de la roumaine Elisabetha SAMARA contre la thaïlandaise Suthasini AWETTABUT 4/1
La défaite en 1/16ème de la hongroise Georgina POTA contre la suissesse Rachel MORET 4/1
La défaite en 1/16ème de l’allemande Solja PETRISSA contre la canadienne Mo ZHANG 4/3
La défaite en 1/8ème de finale du japonais Tomokazu HARIMOTO contre le slovène Darko JORGIC
La défaite en ¼ de la japonaise Ishikawa KASUMI contre la singapourienne YU Mengyu 4/1
Après une grosse déconvenue, tu veux t'isoler, te cacher, tu ne penses qu'à rentrer sous terre, et il y a toujours quelqu'un pour te prendre en photo
Les beaux parcours
- La singapourienne YU Mengyu : l’invitée surprise des demi-finales dames après sa victoire contre la japonaise KASUMI en quart de finale 4/1. Elle avait bien commencé sa compétition au 3ème tour en dominant 4/0 la taipei CHENG. Puis elle avait battu l’américaine LIU 4/2 en 1/8ème de finale. Elle se sera fait scalper sévèrement par la chinoise CHEN Meng en demi-finale, 4/0. Mais aura lutté jusqu’au bout pour la médaille de bronze contre la japonaise Mima ITO, s’inclinant au final 4/1. Très belle 4ème place. Même si ça reste la plus mauvaise aux JO.
- Le brésilien Gustavo TSUBOI : aura croqué le roumain Ovidiu IONESCU 4/1 au deuxième tour, puis le nigérian Quadri ARUNA 4/2 au troisième, avant de céder en 1/8ème de finale 4/2 contre le Taipei LIN Yun Ju, mais en l’ayant bien fait souffrir. Avec un tel niveau de jeu, pour sûr Gustavo va devoir bien se mouiller la nuque avant de redescendre dans le bain froid de la proB française la saison prochaine.
- Le slovène Darko JORGIC : se sera imposé dans la douleur 4/3 au deuxième tour contre le solide espagnol Alvaro ROBLES en sauvant 2 balles de match au 6ème set (remporté 15/13). Puis il l’emporte au 3ème tour 4/2 contre un autre gros joueur, l’anglais Liam PITCHFORD. Avant de recréer, à lui tout seul, un nouveau tsunami en 1/8ème : en l’emportant 4/3 contre le japonais Tomokazu HARIMOTO. Détruisant et réduisant à néant les espoirs de tout un peuple. Avec des revers surpuissants, et après avoir envoyé plus de seringues que n’importe quel centre de vaccination français.
- L’égyptien Omar ASSAR : aura tout fait et tout arraché à l’énergie. Dans la galère au deuxième tour contre l’ukrainien KOU Lei, ne s’imposant que 4/3 ; puis de nouveau 4/3 au troisième tour contre le suédois Mattias FALCK. Et enfin toujours 4/3 en 1/8ème de finale contre le taipei CHUANG Chih Yuan, bien tombé et ferré dans les pinces d’Omar. Il pliera normalement et logiquement en ¼ de finale contre le chinois MA Long 4/1. Mais ASSAR entre dans l’histoire en étant le premier natif du continent Africain à atteindre les ¼ de finale du tournoi olympique de ping. Bravo.
- L’allemand Dimitrij OVCHTAROV : sera monté en puissance tout au long de la compétition. Il aura commencé par une victoire 4/0 sur le russe Kirill SKACHKVO au 3ème tour ; puis facile 4/1 contre le japonais Koki NIWA en 1/8ème ; et il aura dû s’employer et revenir du diable vauvert remontant des 7/2 et 7/1 sur deux sets pour s’imposer 4/2 contre le brésilien Hugo CALDERANO en quart de finale. Et en demi, match énorme contre le chinois MA Long. Mais il s’inclinera 9 à la belle. Alors que beaucoup le voyait passer. Et la petite finale : il sauve 4 balles de match au 6ème set pour s’imposer 4/3 contre LIN, et choper le bronze comme à Londres en 2012...Des nerfs d’acier, des testicules du même métal. Quelle rage, quel mental, quel teigneux, quel regard noir... Pour tout dire, il nous fait un peu peur. Si tu veux voir ce qu’est la vraie volonté : regarde Dimitrij. Le KEYSER SOZE du ping-pong.
La Tristitude
Avec les éliminations en 1/8ème de nos deux chouchous : l’allemand Timo BOLL et le japonais Koki NIWA. Deux gauchers. Deux purs talents. Les derniers poètes romantiques du ping moderne. Sans parler de l’élimination de Tomokazu HARIMOTO. Oui, nos cœurs ont saigné…
- Pour Timo BOLL, les JO de toute façon ne sont pas sa compét. Et désormais le poids des ans se fait sentir. Même si les années COVID l’auront probablement plus servi que desservi, lui qui a désormais besoin de moins d’entrainements et de compétitions pour être dans le rythme que ses jeunes congénères (en témoigne son récent nouveau titre de champion d’Europe, assez easy, il y a 2 mois). Mais là, défaite en 1/8ème de finale 4/2 contre le ressuscité coréen Youngsik JEOUNG (passé à un cheveu et un coin de table, de l’élimination au tour précédent contre le défenseur GIONIS). Un Timo combattif, qui n’aura pas démérité. Mais sans non plus avoir pu donner l’impression de jamais pouvoir s’imposer totalement.
Mais un monsieur BOLL, grand seigneur, qui nous aura, grâce à son vlog, fait vivre ses JO de l’intérieur :
Tokyo Vlog #2 - Finally in the village, but no view
After a long journey I finally arrived in Tokyo. You will get a small room tour and my first impressions in the second part of my Tokyo Vlog. Enjoy!Episodes:...
Tokyo Vlog #3 - Dining like an olympic athlete
The food hall in the Olympic Village is huge - you can get everything you want to eat there That's why I want to show you this big "restaurant" in this vlog....
Tokyo Vlog #4 - Is this the end?
I'm very disappointed about my elimination in the round of 16 against Jeoung. In the end I have to take it like a sportsman and concentrate on the team event...
Il ne méritait définitivement pas son placard sans fenêtre du village olympique. Mais la suite royale du palais de l’empereur du Japon. Avec ses draps de soie.
- Et que dire de Koki NIWA. Le second japonais qualifié en simple. Un peu à la dérive ces dernières années. Mais après un premier tour convaincant, gagné 4/1 contre le défenseur slovaque WANG, il aura implosé contre le brutal germanique Dimitrij OVTCHAROV. Un Koki probablement choqué aussi par la sortie de route de HARIMOTO, 5 minutes auparavant contre JORGIC. Et qui coulera 4/1 contre Dima, après avoir pris un retentissant 11/0 au 3ème set. Ce Koki, il bouge de moins en moins. De plus en plus raide sur les jambes, et fainéant. Mais quelle main, quel talent… Un pur gaucher.
- Et puis enfin l’élimination du japonais Tomokazu HARIMOTO en 1/8ème de finale. Ce devait être ses jeux. Il devait tout fracasser, et y détruire les Chinois. Mais bon, à seulement 18 ans, il aura l’occasion d’en jouer d’autres. Difficile aussi de supporter une telle pression sur de si jeunes épaules. Même si elles ne sont plus si frêles, car il a pris du volume le petit Tomokazu. Après, on ne l’a jamais trop senti dedans. Moins percutant qu’à l’accoutumée. Plus passif. Moins incisif du revers. Moins de flips coup droit rageurs. Et ça rentrait moins fort que d’habitude en top coup droit. Peut être un mix de pression/stress/gêne physique. Et puis aussi assurément un manque de variétés et de variations dans ses schémas de jeu, que maintenant tous ont pu disséquer et décortiquer. Et puis pas de bol, il est tombé en 1/8ème sur un JORGIC en feu, qui aura joué crânement sa chance et qui aura envoyé un mélange de plomb et d’acier côté revers. Mais dans son état de forme actuel, Tomokazu n’aurait que difficilement pu décrocher une médaille olympique.
Les pépites
- Le Taïpei (anciennement on aurait dit Taïwanais, mais si tu utilises encore ce terme les services secrets chinois viennent te garrotter dans la nuit) LIN Yun Ju : lui, il régale. Vraiment. Médaille de bronze en double mixte et vraiment pas passé loin en simple. Le seul à avoir poussé FAN Zhendong dans ses retranchements et à la belle au cours d’une demi-finale d’anthologie. Une décontraction, une sérénité, un calme, une facilité, et un relâchement à toute épreuve. 20 ans seulement, avec encore un reliquat d’acné adolescente sur les joues, mais il sait tout faire ! Gaucher, forcément. Ça passe au dessus de la balle comme toi au dessus des plats de frites de maman. Ça sert divinement bien. Ça flippe facile, ça gicle du coup droit, ça gifle du revers…Un joueur complet, avec déjà une médaille de bronze en double mixte. Et une terrible 4ème place en simple, après avoir eu quand même 4 balles de match sur OVCHTAROV... Encore un peu d’expérience et un tout petit supplément de plomb dans la tête à acquérir, et il faudra compter sur lui à l’avenir aux Mondes et aux prochains JO.
- La japonaise Mima ITO : ça fait 10 ans qu’on la range dans les pépites. Mais elle n’a que 21 ans ! Expressive durant ses matchs : ça sourit et ça rit quand ça va bien, et ça fait la gueule quand ça va mal. Mais quand elle joue, ça envoie ! Un service de samouraï. Un petit flip banana. Une grosse claquette coup droit. Et des coups de soft revers qui piquent bien. Et qui feraient gueuler au bout de 2 minutes n’importe quel joueur basique de Hérain… Mais comme son homologue LIN, ces JO auront été un moyen de continuer à remplir l’armoire à trophées, avec un super bilan: une médaille d’or en doubles mixtes (avec MIZUTANI) et une de bronze en simple, qu’elle aura été cherché toute seule, comme une très grande. Elle aura répondu présente au rendez-vous. Car la pression et l’attente de toute une nation, elle l’avait aussi.
Les mimies
Cette année les crises de tachycardie et les décollements de rétine auront été causés par la coréenne Jihee JEON et la suédoise Christina KALLBERG.
Les mimis
Un peu las qu’on vote tout le temps pour son compatriote Tiago APPOLONIA, Marcos FREITAS nous a demandé de détourner les suffrages à son profit cette année. Voilà c’est fait. Pour tous les amateurs/amatrices de petites boucles portugaises et de regard de braise. Para ti, Marcos.
Les coups de cœur
- La polonaise Natalya PARTIKA, battue au 2ème tour par l’égyptienne Dina MESHREF. Née sans avant-bras droit, elle est multi médaillée aux jeux paralympiques. Mais dérouille en valide la majeure partie des filles au-delà du top 50 mondial. L’une des meilleures joueuses mondiales en handi. L’une des meilleures joueuses mondiales tout simplement.
- L’égyptienne Dina MESHREF, sacrée petite gauchère, qui ne pliera qu’au 3ème tour contre la néerlandaise Britt EERLAND 4/3. Elle joue avec un foulard et une tenue couvrante. Et alors ? On s’en tape. Elle joue! Et très bien !!!
Oui, on critique souvent nos fédérations nationales et internationales. Mais au ping, au moins, tout le monde joue. Quel que soit son pays, sa nationalité, sa couleur de peau, son orientation sexuelle, sa religion, son handicap, ses idées politiques. T’es moche, t’es beau : tu joues. La porte est ouverte à tous. Mais parce que le baron Pierre de COUBERTIN a toujours été incapable d’enchaîner 2 tops, on est considéré comme un sport mineur par les médias. Alors qu’en fait on est une discipline MAJEURE. Dans l’esprit. Et les faits. Le ping : un sport d’ouverture, totalement et définitivement olympique.
Les Français
Ils auront fait le job. Et même un peu plus en double mixte : à une victoire de la médaille. Si loin, si proche. Mais encore inaccessible. Et en simples, pas de bol, souvent les pires tirages possibles.
- Pritikha PAVADE : pour les prochains JO, c’est sûr elle passera direct dans la rubrique « Les pépites ». Elle en a le talent et le potentiel. Et dans 3 ans, comme Robert PIRES, elle aura musclé son jeu. Cette fois-ci elle aura chuté 4/2 au premier tour contre la russe Yana NOSKOVA. Pas grave. Elle est déjà remontée sur le trapèze.
- Jia Nian YUAN : solide, avec une victoire facile au premier tour 4/0 contre l’égyptienne Yousra HELMY. Puis autoritaire avec une victoire 4/0 au second tour contre la brésilienne Bruna TAKAHASHI. Avant de céder d’une courte tête au 3ème tour contre la coréenne Jihee JEON 4/3. Contrat rempli. Un peu plus de sourires pour la prochaine olympiade, et ce sera parfait !
- Emmanuel LEBESSON : aura aussi fait sa compét. Victoire 4/0 au 2ème tour contre le croate Andrej GACINA, toujours difficile à manœuvrer. Et puis ensuite boucherie 4/0 contre l’impressionnant chinois FAN Zhendong. Manu aura prix tarif. Mais comme l’ensemble de la terre pongiste sur FAN.
- Simon GAUZY : Victoire en patron 4/0 au 3ème tour contre Jonathan GROTH, un client danois, jamais facile à jouer. Avant de chuter en 1/8ème de finale, sans démériter 4/1, contre cette fois LE PATRON des patrons, le chinois MA Long.
Et pour conclure sa semaine, ensuite, un message plein de positive attitude sur Twitter:
- Le double mixte YUAN/LEBESSON : un premier tour facilement gagné 4/0 contre les Australiens TAPPER/HU. Avant une victoire de rang en quart de finale contre les Hong-kongais DOO/WONG 4/3. Mais ensuite pour la médaille, la marche était trop haute. Avec deux lourdes défaites 4/0 en demi contre la paire chinoise LIU/XU, puis, malheureusement 4/0 aussi, dans la petite finale pour la médaille de bronze contre le double taipei CHENG/LIN. Le fossé est là avec l’Asie. Et on est tombé dedans.
Les Chinois
Que dire ? Les superlatifs manquent. Ils sont tout simplement raccord avec la devise olympique : plus vite, plus haut, plus fort. Ça fait 20 ans que ça dure. L’écart avec le reste du monde est monstrueux. Et encore plus criant chez les filles. Chez les garçons, au moins ça aura bataillé à partir des demi-finales. Avec des matchs incroyables et des victoires étriquées 4/3 de MA Long contre l’allemand Dimitrij OVCHTAROV (9 à la belle) et de FAN Zhendong contre LIN Yun Ju (8 à la belle). Le piédestal aura tremblé. Mais aucun chinois, et aucune chinoise, ne seront finalement tombés.
Les explications de cette hégémonie ? On n’en sait rien... Probablement multifactorielles : la culture de la discipline en Chine, la masse des pratiquants et le réservoir de joueurs, des enseignants et des coachs au dessus, des innovations en matière de dépistage, de matériel, de préparation, des qualités physiques et de vista au dessus de la moyenne, une meilleure gestion des corps et de leur récupération, une meilleure technique, une meilleure approche tactique, et assurément la dureté et le volume des entrainements, les heures de paniers de balles, du sang, de la sueur, des larmes.... Bref tout en plus. Et tout en mieux... Et puis un mental incroyable... Car dès qu’un joueur de l’Empire du Milieu entre dans une aire de jeu, il se prend la pression non seulement de l’adversaire, mais de toute la salle, de son coach, et de plus d’un milliard de Chinois à la maison. Et pourtant, chaque fois ça passe. Et même quand ils sont moins bien et dans le mal (comme MA Long cette semaine) ça passe quand même... Hallucinant, et difficilement explicable dans un sport où le mental compte tant. Mais bon… C’est comme ça. Ça doute moins. Ça gamberge moins, ou tout au moins ça arrive à mieux maîtriser les attaques ou crises de panique. La confiance en soi, dans ses coups et dans son jeu, acquise lors de milliers d’heures d’entrainement, la capacité à faire le bon choix sur les moments importants ou quand ça va mal, à ne plus donner de points faciles, à ne filer que des balles dures, à s’arracher quand il le faut, à faire déjouer son adversaire, à l’obliger à surjouer en permanence, et la capacité de remporter des points pourris ou anodins, mais qui font la différence à la fin…. Bref ils ne pratiquent définitivement pas le même sport. Et donc, encore une fois : BRAVO.
Dans les tableaux individuels, en finale donc, zéro surprise : 4 chinois.
Et dans le tableau dames : victoire 4/2 de CHEN Meng sur SUN Yingsha
Et dans le tableau messieurs : victoire de MA Long sur FAN Zhendong 4/2. Un peu étonnante tant FAN avait survolé les débats durant une semaine, et MA Long, au contraire, avait été un peu en retrait. Mais bon, un MA Long retrouvé en finale, surmotivé par la médaille d’or. Et maintenant double champion olympique, une première chez les messieurs! Et un FAN Zhendong un peu moins dedans. Peut-être en partie le respect dû aux aînés. Peut-être aussi le passage du gourou LIU Goliang hier soir, au coucher, pour donner quelques directives et consignes, tout en bordant FAN et en lui claquant deux bises sur les joues. Les mystères du haut niveau.
En tout cas, tous de beaux champions. Mais des monstres. Des vampires du ping. Qui auront une fois de plus aspiré l’âme de tous leurs adversaires.
Les sorties de route
- Le match PANAGIOTIS / JEOUNG YOUNSIK aura signé la fin de carrière du journaliste grec Dimosthenis KARMIRIS, éjecté sur le champ pour propos racistes à l’antenne. Dépité par la défaite de son compatriote il s’était en effet demandé comment les asiatiques faisaient, avec leurs yeux bridés, et si proches l’un de l’autre, pour voir aussi rapidement la balle aller d’avant en arrière….A l’annonce de cette nouvelle les journalistes de France Télévision eux, par contre, accoudés au comptoir du Balto, se sont recommandés un autre picon-bière.
- La balle de match du double YUAN/LEBESSON contre les Hong-kongais DOO/WONG : Jia Nian sert. Wong rate son démarrage et immédiatement demande avec sa collègue la balle let, et la remise du point. Les Français se figent. Le doute : peut-être l’ont-ils aussi vu let, mais peut-être pas. Par contre les arbitres, sans sourciller, accordent le point et la victoire aux Français. Polémique sur les réseaux, soulignant le manque de fair-play des Frenchies, qui auraient dû remettre le point... Et bien non ! Car il y avait deux arbitres internationaux collés à la table qui étaient raccord, et n’avaient pas vu la balle taper le filet. A un moment il faut cesser notre auto-arbitrage permanent au ping. On fait venir des arbitres de très loin pour gérer les matchs. Faisons leur confiance. Laissons les faire. Et respectons leurs décisions (surtout quand c’est au profit des Français ^^).
- Les retransmissions sur le site France TV : elles étaient très correctes. Et gratuites. Avec la possibilité de regarder les 4 tables en simultané. Avec le son (et la triste piètre ambiance) de la salle, mais pur bonheur, sans commentaires. Car par contre les rares retransmissions en direct sur France 2 : comme d’hab la cata. Avec les matchs bouffés par la pub, et les réflexions claquées au sol….Mais bon, profitons. On ne voit du ping à la télé que tous les 4 ans. Comme le tir au pistolet à plomb à 25 mètres.
Le bilan technico-tactique (par les spécialistes assis à la buvette et dans leurs banquettes)
- Constat facile : toujours la domination outrancière de la Chine, et la prééminence du continent Asie en général. Et pourtant, on limite maintenant à 2 participants par nation pour laisser une chance, et une médaille de bronze, au reste du monde. Car sinon les Américains et les Russes vont finir par sucrer au ping sa représentation olympique : trop dég de voir les Chinois, l’ennemi héréditaire, tout rafler. Oui le ping ça pèse aussi dans le décompte final des médailles côté chinois. Mais pourtant, malgré ces mesures coercitives, dans les tableaux individuels, dés les quarts de finale : que des asiatiques côté filles ; et 5 sur 8 chez les garçons. Mais en quart, à noter, côté garçons, deux représentants des continents Africain et Américain (du Sud).
- Techniquement, ce sont quand même les Jeux, et tous ceux qui sont là savent servir, remettre, et envoient fort des deux côtés. Mais (si on fait abstraction des Chinois, hors concours pour tout) sont tout de même arrivés dans le top 8 les rares spécimens capables d’envoyer de très très grosses minasses côté revers : à la volée, le slovène Darko JORGIC, le brésilien Hugo CALDERANO, l’allemand Dimitrij OVCHTAROV. De retour en France on va retravailler le missile revers : Paris 2024 arrive à grands pas, et oui, on veut dépasser les quarts.
- La faculté à viser le coude, et à trouver le ventre de son adversaire pour quasi tous les joueurs. Impressionnant aussi, surtout sur les ralentis. Mais bon, pas tant que ça, car en Hérain on y arrive facilement aussi, vu que le bide de l’adversaire occupe, lui, la moitié de la table.
- Autre constat, Ô tristesse, le style de jeu défensif est toujours HS : le grec GIONIS et le slovaque Yang WANG, les derniers défenseurs des temps modernes, ont malheureusement été sortis précocement. Vraiment ultra-dommage pour le spectacle. Mais le style de jeu défensif, pour le moment, au très haut niveau, ça semble appartenir à une autre époque.
- Par contre, on aura noté : peu de softs et de raquettes combi, et zéro anti-top. Punaise, ça ça nous change de la Hérain ! En mieux.
- Les émotions : aux JO, anneaux olympiques obligent, tout est multiplié par 5. Les joies, les peines. Beaucoup de moments incroyables. On aura souvent eu du sable et de la poussière dans les yeux.
- Mais ce qui marque vraiment dans cette épreuve olympique, c’est l’importance du mental des joueurs. Leur volonté, leur capacité à rester concentré et rageux sans se crisper, leur faculté pour garder, comme les serpents, du sang froid alors que les neurones sont en ébullition et que le cerveau chauffe à plus de 1000 degrés. Les JO en fait, c’est 80% de mental, 15% de tactique, et seulement 5% de talent. Admiratif de la capacité de certains joueurs et joueuses à se remettre dedans, à ne rien lâcher, et à retourner des situations plus que compromises : menés 7/1, 9/2, 10/3... Le champion hors catégories étant Dimitrij OVCHTAROV. Les JO ça ne chiale pas pendant les matchs : non, ça charbonne... Jusqu’au dernier point du dernier set.
Tokyo, pour nous qui avons un mental en papier crépon, ça restera une leçon de vie.
Et c’est pas fini : dimanche début de la compét par équipes.
ALLEZ LA FRANCE ! On topspinera avec vous.
Tous les résultats :
Tennis de table - Calendrier olympique et résultats | Tokyo 2020
Bienvenue sur le site officiel des Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo 2020. Vous y trouverez les dernières actualités et les informations sur les Jeux de 2020,les événements,notre vision...
commenter cet article …